Quand
les colombes disparurent
se situe en Estonie, pays d’origine de la mère de Sofi Oksanen qui en 1970
émigre pour la Finlande où elle se marie et donne naissance à l’auteur.
La construction de la narration,
comme dans les autres romans de Sofi
Oksanen est très complexe : les points de vue alternent, on passe pour
certains personnages de la 1ère à la 3ème personne, le
récit est éclaté et les lieux varient en fonction des personnages. Deux cartes
de l’Estonie situées en préambule nous permettent de nous repérer.
Comme dans ses précédents romans,
Sofi Oksanen donne la parole à des oubliés de l’Histoire. En effet, à l’ouest
qui pouvait se préoccuper de l’Estonie, ce tout petit pays et des milliers de
personnes déportées par le régime soviétique ? Chaque chapitre identifié par un timbre correspondant à la
période et au lieu dans lequel se déroule cette partie de l’intrigue nous permet de suivre l’accomplissement du
destin des personnages principaux : Juudit, Edgar et Roland ballotés par
l’histoire. En 1941, Juudit a épousé Edgar, mais très vite, elle comprend que ce
mariage est voué à l’échec. Edgar a suivi son cousin Roland dans la résistance
estonienne, après avoir travaillé pour les Soviétiques. Au moment de l’invasion
allemande, il se met au service des nazis pour assouvir ses ambitions
personnelles : devenir quelqu’un d’important à n’importe quel prix. Pendant
ces années d’occupation, Juudit rencontre l’amour de sa vie dans la personne
d’un officier allemand, Hellmuth Hertz tout en côtoyant et apportant son aide à
Roland engagé dans la résistance estonienne. En 1944, au retour des Staliniens,
Edgar est envoyé en exil en Sibérie. Lorsqu’il revient une dizaine d’années
plus tard, il retrouve Juudit et travaille comme espion pour les autorités
soviétiques. Sa tâche ? Traquer les ennemis du régime, qu’ils aient
émigré ou qu’ils soient restés en
Estonie. Pour cela, il ne lui reste qu’à falsifier l’histoire, la réécrire pour
permettre au régime soviétique de mettre en valeur son combat contre le
nazisme. Edgar sait que pour sa propre survie, il doit éliminer tous les
témoins qui l’ont croisé et vu agir pendant les années de guerre. Le lecteur est abasourdi de constater les
différentes stratégies mises en place
pour traquer les libertés de chaque citoyen, et les réduire au silence, à l’inertie.
Plus le récit avance, plus on
constate qu’inexorablement l’étau se referme autour de ceux qui ont essayé de survivre et d’échapper à l’emprise du
totalitarisme. Une fois le livre terminé, le titre du roman prend toute sa
signification.
Quand les colombes disparurent est un roman magistral, captivant.
A lire absolument !
Lily
Je viens de le lire, une révélation, quel style !
RépondreSupprimerUn roman dur et poignant. La découverte du déroulement de la guerre 40 en Estonie,
avec une intrigue très bien menée jusqu'au bout du roman. il faut vraiment lire jusqu'à la dernière ligne pour que le voile tombe complètement pour chacun des personnages du récit.