jeudi 19 septembre 2013

* Quand les colombes disparurent - Sofi Oksanen

Quand les colombes disparurent se situe en Estonie, pays d’origine de la mère de Sofi Oksanen qui en 1970 émigre pour la Finlande où elle se marie et donne naissance à l’auteur.
La construction de la narration, comme  dans les autres romans de Sofi Oksanen est très complexe : les points de vue alternent, on passe pour certains personnages de la 1ère à la 3ème personne, le récit est éclaté et les lieux varient en fonction des personnages. Deux cartes de l’Estonie situées en préambule nous permettent de nous repérer.
Comme dans ses précédents romans, Sofi Oksanen donne la parole à des oubliés de l’Histoire. En effet, à l’ouest qui pouvait se préoccuper de l’Estonie, ce tout petit pays et des milliers de personnes déportées par le régime soviétique ? Chaque chapitre  identifié par un timbre correspondant à la période et au lieu dans lequel se déroule cette partie de l’intrigue  nous permet de suivre l’accomplissement du destin des personnages principaux : Juudit, Edgar et Roland ballotés par l’histoire. En 1941, Juudit a épousé Edgar, mais très vite, elle comprend que ce mariage est voué à l’échec. Edgar a suivi son cousin Roland dans la résistance estonienne, après avoir travaillé pour les Soviétiques. Au moment de l’invasion allemande, il se met au service des nazis pour assouvir ses ambitions personnelles : devenir quelqu’un d’important à n’importe quel prix. Pendant ces années d’occupation, Juudit rencontre l’amour de sa vie dans la personne d’un officier allemand, Hellmuth Hertz tout en côtoyant et apportant son aide à Roland engagé dans la résistance estonienne. En 1944, au retour des Staliniens, Edgar est envoyé en exil en Sibérie. Lorsqu’il revient une dizaine d’années plus tard, il retrouve Juudit et travaille comme espion pour les autorités soviétiques. Sa tâche ? Traquer les ennemis du régime, qu’ils aient émigré  ou qu’ils soient restés en Estonie. Pour cela, il ne lui reste qu’à falsifier l’histoire, la réécrire pour permettre au régime soviétique de mettre en valeur son combat contre le nazisme. Edgar sait que pour sa propre survie, il doit éliminer tous les témoins qui l’ont croisé et vu agir pendant les années de guerre.  Le lecteur est abasourdi de constater les différentes stratégies  mises en place pour traquer les libertés de chaque citoyen, et les réduire au silence, à l’inertie.
Plus le récit avance, plus on constate qu’inexorablement l’étau se referme autour de ceux qui ont essayé  de survivre et d’échapper à l’emprise du totalitarisme. Une fois le livre terminé, le titre du roman prend toute sa signification.
Quand les colombes disparurent est un roman magistral, captivant. A lire absolument !


Lily


1 commentaire:

  1. Je viens de le lire, une révélation, quel style !
    Un roman dur et poignant. La découverte du déroulement de la guerre 40 en Estonie,
    avec une intrigue très bien menée jusqu'au bout du roman. il faut vraiment lire jusqu'à la dernière ligne pour que le voile tombe complètement pour chacun des personnages du récit.

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